L’iode : Iode: Besoins en Iode

Publié le : 08 février 202115 mins de lecture

Un des oligo-éléments indispensable à notre organisme

L’iode est un oligo-élément, c’est-à-dire une substance métallique qui se trouve en très petite quantité dans notre organisme et qui est absolument essentielle à son bon fonctionnement. L’iode existe aussi à l’état naturel principalement dans les océans d’où il subit une évaporation, passe dans l’atmosphère, puis retombe sur terre avec les eaux de pluie. Dans notre corps c’est seulement par l’alimentation qu’il est apporté. Son absence peut être gravement nuisible à l’organisme.

Son utilité

Dans notre organisme, l’iode entre dans la composition des hormones thyroïdiennes indispensables à la croissance de tous nos tissus, en particulier ceux du cerveau.
La thyroïde est une petite glande située à la base du cou qui produit deux hormones que l’on appelle en langage simple T3 et T 4 en fonction de leur teneur en iode. Donc, si la thyroïde n’est pas approvisionnée en iode, elle ne peut pas fabriquer ses hormones !
Pour le bébé, c’est même chose! Dès le stade fœtal, sa thyroïde a besoin d’iode pour assurer le développement de son cerveau. Or, pendant les premiers mois de sa vie, le fœtus est incapable de fabriquer lui-même ses propres hormones, c’est la maman qui les lui fournit et pour cela elle a besoin d’iode !
Et même ensuite, lorsque sa thyroïde commence à fonctionner, vers le milieu de la grossesse, il a toujours besoin d’iode pour synthétiser ses propres hormones et la seule solution, c’est que sa mère lui en procure à travers le placenta. Pour assurer son développement cérébral, le fœtus est totalement dépendant de l’iode de la mère.

Grossesse = besoins accrus en iode

La grossesse est une véritable période de travaux forcés pour la thyroïde:
D’abord les besoins en iode sont augmentés : certaines hormones produites en abondance pendant la grossesse, en particulier les œstrogènes et la bêta hCG, (l’hormone dépistée par les bandelettes des tests de grossesse), obligent la thyroïde à travailler de manière intense. Il lui faut donc plus d’iode.
Mais les pertes aussi sont augmentées: la grossesse favorise l’élimination de l’iode dans les urines. Et enfin l’iode de la mère passe au travers du placenta pour alimenter le fœtus.
Tous ces facteurs contribuent à augmenter le travail de la thyroïde qui réclame d’autant plus d’iode pour fabriquer ses hormones, la T3 et la T4.

Et si je manquais d’iode pendant ma grossesse ?

Le travail « forcé » de la thyroïde pour compenser son manque d’iode peut se traduire par un goitre (grosseur à la base du cou): d’ailleurs dans l’Antiquité, où de très nombreuses femmes étaient en carence chronique en raison de la pauvreté de l’alimentation, on diagnostiquait la grossesse par l’augmentation du diamètre du cou …
La grosseur du goitre est proportionnelle à l’intensité de la carence initiale et à sa durée. Si le manque d’iode est compensé rapidement, le goitre se résorbe et disparaît. En revanche, si à chaque grossesse une femme était en manque d’iode, le goitre finirait par persister et la patiente serait en état d’hypothyroïdie. Cela se traduit par des symptômes comme une fatigue, une nervosité, des troubles du sommeil, une augmentation de la tension artérielle, et des risques accrus de fausses couches. En plus de ce qui risque de se produire pour la maman, c’est surtout pour le futur bébé que les conséquences peuvent être plus graves notamment sur le plan intellectuel.

Et pour mon bébé ?

Si la mère manque d’iode, le foetus manquera d’iode …
Or, le cerveau du foetus est l’organe le plus sensible au manque d’iode. C’est lui qui au cours de la vie intra-utérine et de la période néonatale a besoin, pour se développer, d’énormément d’hormones thyroïdiennes en raison de sa croissance très rapide. Le stade extrême de la carence en iode, comme on peut l’observer encore dans le monde chez certaines populations très démunies, est ce que l’on appelle le « crétinisme goitreux », forme de débilité mentale profonde. Mais, si celui-ci était encore constaté dans certaines régions reculées de France à la fin du 19′ siècle, aujourd’hui il a complètement disparu de notre pays.

Ai-je suffisamment d’apport d’iode ?

Seul le taux d’iode dans les urines, la iodurie, permettrait de savoir si on est en manque d’iode ou non. Cet examen peut être effectué par un laboratoire d’analyses, mais il n’est pas pris en charge par la sécurité sociale … et pour cette raison, n’est jamais effectué. En fait, comme on ne peut pas connaître son « statut iodé » et que le risque majeur se situe au moment de la grossesse, il vaut mieux tout faire pour éviter d’être en déficit, et augmenter ses apports !

Dans quels aliments trouver de l’iode ?

L’iode est principalement apporté par les aliments d’origine marine: les algues (20 à 50 mg/100g), les poissons: (25 à 75 µg/100g), les crustacés et les mollusques (40 à 320 µg/100g).
Les oeufs et les produits laitiers sont une source non négligeable.
La viande, les fruits et les légumes, et les eaux potables en sont très pauvres.
Sachez aussi que certains agents de texture comme les alginates et les carraghénates ou les colorants utilisés dans l’alimentation industrielle sont riches en iode.
En France, l’iodation des sels de table est autorisée depuis 1952, à raison de 15 mg/kg, et aujourd’hui les laits infantiles sont également supplémentés en iode. Malgré cela, la France reste encore actuellement en état de légère carence.

ATTENTION au risque de surdosage en IODE par consommation excessive d’algues !
En Allemagne, l’Institut Fédéral de Protection de la Santé des Consommateurs et de Médecine Vétérinaire (Bundesinstitut für gesundheitlichen Vebraucherschutz und Veterinärmedizin) signale que la consommation d’algues séchées, pourrait présenter des risques. Les algues séchées peuvent contenir jusqu’à 6500 mg d’iode par kg. Une consommation d’iode est sans risque pour la santé jusqu’à 20 mg mais des doses supérieures peuvent conduire à une hyperthyroïdie (irritabilité, amaigrissement, insomnie…) et des atteintes cutanées.

Les besoins journaliers en iode ?

En dehors de la grossesse, les apports recommandés sont de 100 à 150 µg/jour. Chez la femme enceinte et pendant l’allaitement, ces besoins sont augmentés à 200 µg/jour. Or en moyenne, l’alimentation apporte 70 à 80 µg/jour d’iode. Pour cette raison, pendant la grossesse, l’alimentation même très riche en iode, et même si on habite au bord de la mer, ne peut pas tout faire …
En Europe, le risque de carence iodée existe de façon modérée. Dans notre pays, les résultats de l’étude SU.VI.MAX. (*) réalisée sur plus de 7000 femmes ont révélé une carence légère en iode, caractérisée par une iodurie moyenne de 82 µg/l. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, une carence est dite légère si les taux urinaires d’iode sont compris entre 50 et 100 µg/l, modérée entre 25 et 50 µg/l et sévère en dessous de 25 µg/l. Or, selon les experts, la carence en iode est la cause la plus facilement évitable de retard intellectuel chez l’enfant. C’est pourquoi, après avoir préconisé l’iodation des sels de cuisine et des laits infantiles, face au risque potentiel de carence qui demeure malgré ces mesures, la plupart des scientifiques recommandent désormais une supplémentation en iode chez les femmes enceintes.
(*) VALEIX p et coll’Iodine deficiency in France. Lancet 1999; 353′ 1766-1767
Des études ont montré qu’il est possible de compenser les déficits en iode au cours de la grossesse par une supplémentation. Celle-ci est efficace pour prévenir les hypothyroïdies néonatales et améliorer les performances intellectuelles des enfants. Ainsi, on a pu observer que les enfants nés de mères supplémentées avaient des Quotients Intellectuels supérieurs à ceux nés de mère dont la carence n’avait pas été corrigée, à condition que la supplémentation soit commencée au tout début de la grossesse, au moment où le foetus en a le plus besoin. Il est conseillé de poursuivre cet apport d’iode, y compris pendant l’allaitement, c’est-à-dire tant que le développement de l’enfant se fait. On peut même commencer avant la grossesse pour renforcer son capital iodé. En outre, il a été prouvé que cette supplémentation, réalisée à des doses modérées (50 à 200 µg par jour) n’est pas dangereuse, ni pour la mère, ni pour l’enfant.

Dans tous les cas: demandez conseil à votre gynécologue, lui seul pourra évaluer vos besoins et vous donner la supplémentation appropriée.

L’élimination mondiale de la carence en iode est à notre portée (source OMS)

21 DECEMBRE 2004 | GENEVE — Selon un nouveau rapport mondial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la situation de l’iode, le nombre de pays où la carence en iode représente un problème de santé publique a diminué de moitié en dix ans. La carence en iode est une cause importante de troubles dans le développement mental de l’enfant. La principale stratégie, l’iodation universelle du sel, est un succès. On constate néanmoins des carences en iode dans 54 pays et il faudra des efforts soutenus pour développer les programmes d’iodation du sel, ainsi que l’indique le rapport Iodine status worldwide.

« La carence en iode représente une menace majeure pour la santé et le développement des populations dans le monde entier, notamment pour les enfants d’âge préscolaire et les femmes enceintes, explique le Dr LEE Jong-Wook, Directeur général de l’OMS. Ce rapport montre que l’élimination mondiale de ce problème est à notre portée. »

La carence résulte de la pauvreté des sols en iode, entraînant une faible concentration de cette substance dans les produits alimentaires et donc des apports insuffisants pour la population. Lorsque les normes ne sont pas atteintes, il arrive que la thyroïde ne soit plus en mesure de synthétiser l’hormone thyroïdienne en quantité suffisante. La faible concentration sanguine qui en résulte est la cause principale d’un certain nombre d’anomalies du métabolisme et du développement, ce que l’on appelle les troubles dus à une carence en iode.

Le crétinisme en est la manifestation la plus extrême mais les efforts actuels pour éliminer la carence en iode sont motivés avant tout par les troubles neurologiques et mentaux plus atténués, responsables de mauvais résultats scolaires, d’une diminution des capacités intellectuelles et d’une altération de l’aptitude au travail.

L’OMS recommande l’iodation universelle du sel, c’est-à-dire l’utilisation de sel iodé pour l’alimentation humaine et animale afin de prévenir ou de combattre la carence en iode. Sous la direction de l’UNICEF et de l’OMS, la plupart des pays connaissant ce problème de santé publique ont appliqué cette stratégie. L’UNICEF estime que 66 % des ménages dans le monde ont désormais accès au sel iodé.

Le nouveau rapport de l’OMS donne une estimation de la situation de l’iode dans la population mondiale et rend compte des progrès effectués par chaque pays au cours des dix dernières années pour arriver à éliminer la carence en iode. Il se fonde sur la base de données OMS sur la carence en iode, qui compile les données sur la concentration urinaire en iode, sur la prévalence du goitre (hypertrophie de la thyroïde) et surveille l’ampleur, la gravité et la répartition des carences en iode dans le monde. C’est l’UNICEF qui finance le fonctionnement de cette base de données.

Le nombre de pays où la carence en iode reste un problème de santé publique était de 54 en 2003, contre 110 en 1993, ce qui, comme le dit l’OMS, montre bien l’efficacité de la stratégie d’iodation universelle du sel. Les apports d’iode sont désormais suffisants dans 43 des 126 pays pour lesquels on disposait de chiffres en 2003. Sur les 54 pays où l’on observe une carence en iode, celle-ci est faible dans 40 d’entre eux et modérée à forte dans les 14 autres. Il faut donc renforcer les programmes d’iodation du sel dans ces pays.

Dans 29 pays, les apports en iode sont un peu trop élevés, voire excessifs dans certains cas. Des apports quotidiens en iode supérieurs à la limite considérée comme sûre peuvent entraîner des dysfonctionnements thyroïdiens chez les sujets sensibles. Cela souligne l’importance de renforcer les contrôles de qualité du sel iodé de façon à avoir des concentrations suffisantes pour couvrir un apport alimentaire optimal sans arriver à des quantités trop élevées. L’OMS insiste également sur la nécessité de veiller à ce que la promotion du sel iodé n’entraîne pas une surconsommation de sel pouvant contribuer à l’apparition de l’hypertension artérielle : le sel peut être iodé en fonction d’une consommation compatible à celle recommandée par l’OMS, à savoir un maximum de 5 g par jour.

Pour atteindre l’objectif d’éliminer la carence en iode d’ici à 2005, adopté par la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux enfants en 2002, l’OMS doit relever un double défi : premièrement entretenir la base de données mondiale sur la carence en iode de façon à contrôler et à suivre les progrès faits par les pays. Pour ce faire, elle invite les Etats Membres à renforcer leurs systèmes de surveillance de la situation nutritionnelle en ce qui concerne l’iode. Deuxièmement, au moyen d’une collaboration étroite avec les gouvernements et les partenaires de l’OMS dans le domaine de la carence en iode, il s’agit d’aider les Etats Membres à garantir l’accès au sel iodé pour les populations exposées au risque. Parmi ces partenaires, on citera notamment l’UNICEF et des organisations non gouvernementales comme le Conseil international pour la Lutte contre les Troubles dus à une Carence en Iode, l’initiative sur les micronutriments, Kiwanis International et l’industrie du sel qui composent le Réseau mondial pour l’élimination durable de la carence en iode (Global Network for the Sustained Elimination of Iodine Deficiency)

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