La dermatite atopique

Publié le : 17 août 20209 mins de lecture

Définition

La dermatite atopique (ou eczéma atopique ou dermite atopique) est une maladie dermatologique inflammatoire caractérisée par une éruption érythémateuse papuleuse et vésiculeuse, avec des lésions sèches, et squameuses; elle est très prurigineuses. Elle évolue par poussées, souvent entrecoupées de périodes plus calmes où les lésions sont minimes, mais toujours existantes. Le prurit ( démangeaisons) est souvent associé à des troubles du sommeil. Parfois des suintements peuvent exister, et des croûtes apparaître.

Les plaques rouges apparaissent en général entre l’âge de 3 mois et 5 ans, on estime que vingt pour cent des bébés développent cette maladie. Elle débute au départ sur les joues, le front et le cou, peut s’étendre au cuir chevelu, plus rarement se répandre sur le thorax et les plis de flexion.

Cette maladie de peau semble être souvent d’origine allergique et, dans 80% des cas, elle s’améliore à l’âge de 3 à 5 ans, et seulement quelques pour cent des adultes en sont atteints.

Les causes

On ne connaît pas vraiment l’origine de cette maladie de peau: la dermatite atopique est une maladie complexe:

– il existe une forte composante génétique (si les deux parents ont eu cette maladie, l’enfant aura une « chance » sur deux de l’avoir),
– une faiblesse immunitaire peut faire apparaître la maladie suite à une autre infection: O.R.L. par exemple,
– un excès d’hygiène semblerait possible (*): environnement trop stérile et trop propre, cette maladie est plus courante dans les sociétés où les contact avec les bactéries sont moins fréquents (moins de cas à la campagne qu’en ville),
– certains aliments comme œufs, noix, … favoriseraient son apparition ,
– certains agents allergisants également: pollens, poils d’animaux, acariens, détergents, …,
– un climat humide, le stress et la transpiration augmenteraient l’arrivée de la maladie.
(*) « L’augmentation de la prévalence de la dermatite atopique dans les populations à niveau de vie élevé a été reliée à la diminution de l’exposition aux agents infectieux. Cette observation est à l’origine de la théorie hygiéniste qui suppose que la diminution des infections est responsable de modifications de la régulation du système immunitaire inné. » cf: www.sfdermato.com

Symptômes

La maladie évolue par poussées, avec des périodes où les lésions sont minimes, mais toujours existantes. On différencie 4 étapes dans l’avancement de la maladie :

  • phase 1: c’est la phase érythémateuse, la peau est rouge, avec apparition de petites vésicules et de démangeaisons (prurit),
  • phase 2: les vésicules se réunissent,
  • phase 3: les vésicules exsudent,
  • phase 4: apparition de croûtes qui en tombant laissent apparaître une peau rouge,

… et retour plus ou moins rapide à la phase 1.

  • Il existe aussi des différences de localisation de la maladie selon l’âge :
  • enfant de moins de deux ans: joues, cuir chevelu, thorax, épaules et pouces,
    enfant de 2 ans à l’adolescence: genoux, chevilles, poignets et pli des coudes. La lichénification (épaississement de la peau) est un symptôme fréquent et témoigne d’un prurit localisé persistant.
  • chez l’adolescent : plis de flexion des membres, autour des yeux, sur la plante des pieds. La majorité des dermites atopiques disparaît à l’adolescence. Quand elle continue, la lichénification et la xérose sont courantes. Alors, l’atteinte du visage et du cou, sous forme d’un érythème, est caractéristique.
  • chez l’adulte : nuque, chevilles, pieds et mains.

Attention aux complications !

Il peut y avoir une colonisation de la peau par certaines bactéries ou virus, notamment à cause du grattage lors de la phase 1, quand il y a démangeaison.

Ainsi, entre autres le staphylocoque doré peut coloniser la peau lésée; le virus de l’herpès peut également se diffuser sur les zones atteintes. Il faut donc surveiller le malade, son hygiène des ongles et des mains, l’éloigner d’une personne ayant un herpès, …

Dans des cas très sévères, un retard de croissance peut même être observé (stagnation ou cassure de la courbe staturo-pondérale). Ces retards peuvent se rétablir en soignant efficacement le malade.

Le diagnostic

Il reposera sur l’interrogatoire (pour les enfants, adolescents et adultes, l’interrogatoire des parents pour les plus petits) et l’examen clinique du malade: mise en évidence des symptômes vus plus haut, dont le critère obligatoire qui est la présence d’une dermatose prurigineuse (démangeaisons) associée à 3 ou plus des critères suivants :

  • antécédents personnels dermatologiques d’atteinte des plis de flexion, des joues, du cou ou de la face antérieure des chevilles,
  • des antécédents personnels de sécheresse de la peau (xérose) au cours de la première année,
  • des antécédents personnels d’asthme ou de rhinite (ou antécédents familiaux chez les petits enfants),
  • une dermatose des plis, des joues, du front, et de la face externe des membres chez l’enfant de moins de 4 ans.
  • début des signes avant l’âge de 2 ans.

Une biopsie d’un morceau de peau n’est pas indispensable pour faire le diagnostic. Cependant, au microscope, on verrait un infiltrat de lymphocytes, monocytes et de polynucléaires éosinophiles autour des petits vaisseaux et des capillaires.

Une exploration allergologique peut être nécessaire et utile, car il peut exister un rôle possible d’allergènes comme facteurs pérennisants de certaines dermatites atopiques chez le bébé et l’enfant.

Les traitements

Le traitement de la dermite atopique est symptomatique.

Tout d’abord, l’identification d’agents allergènes peut être suffisante (une sensibilisation aux acariens est souvent retrouvée) pour que la maladie régresse et disparaisse avec l’éviction de l’allergène responsable, mais l’étendue des possibilités d’allergie rend le résultat aléatoire et les résultats peuvent être décevants, de plus ces mesures d’éviction ne montrent pas d’effet clinique probant.

Divers traitements, ayant pour but de réduire l’inflammation et d’atténuer les démangeaisons, peuvent être utilisés:
pommades corticoïdes sous stricte surveillance médicale lors des poussées, afin de diminuer l’inflammation et les démangeaisons,
anti-histaminiques en cas de prurit (leur action sédative permettra aux jeunes enfants de dormir, et de ne pas se gratter la nuit),
inhibiteurs de la calcineurine: ces molécules de la famille des macrolides ont une action immuno-suppressive par inhibition de la calcineurine (molécule: Tacrolimus, son effet anti-inflammatoire est analogue à un dermocorticoïde de puissance moyenne à forte, mais il présente une meilleure tolérance locale, permettant son utilisation sur les surfaces habituellement contre-indiquées aux dermocorticoïdes (par exemple: le visage)),
antibiotiques : nécessaires si une infection bactérienne (impétigo) ou fongique colonise la plaque d’eczéma.
cures thermales,
émollients: utilisés pendant la phase aiguë et destinés aux zones de xérose, par exemple: ROC ENYDRIAL EXTRA-EMOLLIENT BAUME ÉMOLLIENT CORPS
un produit conseillé pour calmer les démangeaisons: EUCERIN (ONAGRINE) PRURITOL SPRAY APAISANT.

Prévention et conseils

En premier lieu, comme vu ci-dessus, éviter un environnement aseptisé, il faut que le bébé puisse rapidement activer son immunité en le mettant en contact avec des bactéries « amies » telles que celles qui colonisent naturellement notre tube digestif, notre peau, etc …

Les conseils d’hygiène sont importants:

  • toilette avec des savons surgras ou des pains végétaux sans savon
  • utilisation de crèmes émollientes sur les zones affectées,
  • éviter les lainages à même le corps (La laine est irritante.) et privilégier le coton et la soie,
  • éviter les savons agressifs,
  • appliquer une protection (compresses) sur les endroits qui démangent,
  • éviter acariens, moisissures, tabac, animaux domestiques (chat, chien, …),
  • éviter les aliments allergènes. Les aliments les plus impliqués dans les allergies alimentaires du nourrisson sont le lait, l’œuf, l’arachide, le soja, le poisson, les légumineuses le blé, et les céréales telles que seigle, froment, orge, avoine, épeautre, (l’éviction d’un allergène n’est justifiée que si son rôle dans une réaction allergique est prouvé, pour ne pas provoquer une source de carence nutritionnelle.),
  • vacciner normalement l’enfant (pour éviter le rôle aggravant lors des infections), mais Il est prudent de retarder transitoirement les vaccinations au cours de fortes poussées,
  • éviter la diversification alimentaire précoce
  • éviter de se gratter, car cela aggrave les lésions; pour les petits e
  • nfants et nourrissons, couper court les ongles pour éviter qu’ils se grattent, et que les lésions s’infectent.

Dans la majeure partie des cas, cette maladie s’atténue puis disparaît généralement vers 3 à 5 ans. Moins de 10 % des cas peuvent persister à l’âge adulte.

En ce qui concerne le traitement, seul un médecin pourra aider le malade à choisir le plus approprié à son cas.

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